ON EST DES DIEUX ET DIEU EST UN CERCLE

(acrylique sur toile, 2018 – 303cmx199cm)


« Si nous étions des Cercles, alors Dieu serait représenté en Cercle ».

Cette pensée de Spinoza vient renfoncer cette posture de l’homme à anthropomorphiser le monde qui l’entoure. Cette tendance issue du besoin, dévoie, détourne, paralysie la perception des choses. La religion n’échappe pas à cette règle, elle articule les structures sociales, appelle au divin en cristallisant les angoisses des hommes, limite les passions. Sujet à crispations, elle pioche dans nos peurs et nos perceptions d’être mortel.

La peinture ON EST DES DIEUX ET DIEU EST UN CERCLE propose une divagation autour de la pensée de Baruch Spinoza. Comment dépasser la religion dans notre quotidien ? Comment faire un pas de côté en gardant un regard sur elle ?

Cette peinture n’est pas une nouvelle allégorie où dieu est mis en scène avec les apôtres sur la passion du christ. Ici, notre religion prend un autre aspect, plus personnel : la famille ; la partie de soi que l’on protège avec assurance, pudeur.

Il y est représenté une scène de genre avec ma famille (ma sœur, son mari et ses 2 enfants) dans leur décor intérieur intime de maison pavillonnaire, au sud-est de Poitiers. C’est l’image d’un salon de maison où les personnages sont peints debout, simples, sans fards, avec une attitude placide. En arrière-plan, des objets du quotidien sont entreposés de manière aléatoire, sans harmonie apparente.

L’impression d’une force tranquille, puissante est au cœur de la toile, chacun connait sa place, s’additionne aux autres. Les 2 enfants, positionnés au centre, sont la force vive de la création. Portant des vêtements noirs, ceux de leurs parents, ils sont la réception de la connaissance, du patrimoine transmis, et son dépassement aussi ; ils portent le deuil de leurs aïeux.

La remise en cause des certitudes, des autorités des parents, apprendre à penser par soi-même et contre soi sont des invitations que cette mise en scène suggère. Une voie de correspondance se découvre entre la philosophie et la religion avec les mêmes symptômes.

C’est un appel à l’indépendance, à la liberté, à ne pas se satisfaire d’une réception universelle du discours ; à penser librement.

L’objet de ma croyance: ma famille, intime. Structurée autour d’une fonction sociale et politique, elle ne crée pas et donne pas une réponse à un soi profond ou une quête de développement personnel. Elle éduque juste le regard sur le monde, nous fait être.

Références littéraires, philosophiques : Albert Camus (Le Premier homme), Baruch Spinoza (L’Ethique)